Guy Joseph Després 1, Ancestrologue 0
Je dois m’avouer vaincu, après près de deux mois de recherches. Je peux cependant me réjouir d’un petit gain, soit la découverte du véritable village d’origine de la famille de Guy Joseph Després, arrivé de Bretagne au Cap-St-Ignace peu avant 1733.
À son mariage cette même année, l’époux qui a une dispense d’«étranger» (donc n’a pas rempli les 3 ans d’engagement habituels), se déclare originaire de Midria ou Medria, Evesché de Saint-Brieuc. À tort, certains auteurs ont cru - et l’erreur est facile - Médrignac en Côtes-d’Armor. Après avoir fait un examen de ces registres paroissiaux, il n’y existe aucune famille DESPRÉS, ni BOISGERAULT dans le secteur.
Pourtant, à 30 km à l’est, se trouve un autre village de la même consonance, en Ille-et-Vilaine.
Il ne fait aucun doute que la famille Després de l’immigrant Guy Joseph est plutôt originaire de Médréac, où les comtes de La Costardais tenaient un auditoire (tribunal et geôle). Un certain maître Michel Després y tenait l’office de greffier à la fin du XVIIe. Il ne semble n’y exister qu’une seule branche de cette famille, qui doit s’y établir vers les années 1660. Ils semblent tous apparentés, sans pourtant pouvoir y rattacher le père de Guy Joseph, Jan Desprez, comme l’on écrit le prénom alors dans la région.
On rencontre plus fréquemment à Médréac la famille Boisgérault/Boisgéraud, qui tire nécessairement son nom du hameau de la même commune, Le Bois Gérault, à 2,2 kilomètres (trajet en bleu) du centre du village.
Outre son côté sud, les limites de Médréac épousent les limites départementales d’avec les Côtes-d’Armor.
Une chose est certaine, c’est que si Guy Joseph a évoqué en 1733 le village d’origine de sa famille, il ne semble jamais n’y être demeuré. Les registres de Médréac ont été examinés de 1653 à 1733, ainsi que les registres des paroisses dans un rayon d’environ 10km entre au moins 1705 et 1715, hors quelques rares années manquantes.
Je n’ay ai trouvé aucune mention du couple Jan Després & Françoise BoisGérault. Pas plus que les naissances des conjoints. Jan et Françoise ne sont jamais nommés dans les actes relatifs aux familles Després et Boisgérault. Et Guy Joseph ne semble jamais y avoir agit comme parrain avant son départ. Seule Françoise aurait une homonyme née en 1713. Jan a un homonyme, mais deux villages plus loin à Bédée (35), marié à Simone Deffains (Desfains), qui décède en 1702. Et c’est tout dans tout ce rayon.
Seuls quelques rapprochements ont autrement été remarqués:
- Quoique les prénoms doubles y sont toujours relativement rares, la famille de Pierre BOISGÉRAUD & Janne MOÜART donne naissance à un garçon prénommé Guy Joseph Boisgéraud né le 23 baptisé le 24 février 1669 à Médréac [AD35 Médréac 1669 p 7]. Il décède le 25 juin 1671.
- Très peu de gens savent signer à Médréac. La famille Després fait exception avec l’oncle(?) Me Michel le greffier – qui héberge d’ailleurs un clerc à son service Jullien Pellois. On sait que Guy Joseph Després sait signer comme il l’a fait à son mariage.
Me Michel Després, «greffier à l’auditoire des comtte Costardaye à Medreac».
Pierre Boigéraud ci-nommé signe aussi d’une main moins habituée.
Pierre Boisgéraud, m1 15.2.1667 Janne Moüart, m2 17.1.1673 Perrine Sicot.
Du côté des Boisgérault, il y a deux générations de jardiniers, soit Jan M2 1657, et son fils Olivier M1 1669, qui habitent au Bois Janou, soit le lieu nommé La ville Orient sur le plan ci-dessus.
Bien que l’on parle de «Bois», ces anciens boisés étaient déjà rasés dans la période qui nous concerne. Ce sont des terres cultivées à l’époque des Cassini.
Quel âge a Guy Joseph Després?
À son décès à Montréal, on déclare le défunt avoir 63 ans, en mai 1671. Cela le fait naître vers 1707 ou 1708. Si cette affirmation est juste, Guy Joseph serait à peine majeur à son mariage de 1733. Cela est peut-être douteux dans la mesure où Guy compte déjà sur son métier de taillandier, comme on peut imaginer qu’il a complété sa maîtrise. Il est cependant fraîchement arrivé, comme semble l’attester sa dispense d’étranger que lui accorde l’évêque de Québec. Il semble avoir certains moyens, comme il réussit à s’exempter du régime des engagés, étape normalement nécessaire pour l’établissement d’un nouvel immigrant. Je crois que l’on peut reculer sa date de naissance vers 1705 ou 1706.
On peut penser que le père de Guy Joseph a peut-être tenu office de greffier, s’il est parent du greffier de l’auditoire des comtes Costardaye. Ces charges ont peut-être forcé la famille à s’exiler périodiquement dans des villes plus éloignées, tout en gardant leur identité médréacienne?
Les registres paroissiaux de l’Ille-et-Vilaine, et des Côtes-d’Armor sont disponibles sur les sites des Archives départementales respectives, si d’autres veulent étendre le rayon...
Denis J. Savard.